Au terme d’un chantier de restauration restructuration lancé en 2018 sous l’égide du Centre des monuments nationaux (CMN), le château de Villers-Cotterêts accueille depuis quelques mois la Cité internationale de la langue Française, premier établissement dédié au sujet dans un esprit à la fois ludique et savant
VILLER-COTTERÊTS (FRANCE). En lisière de la forêt de Retz et au cœur du centre-ville, le château de Villers-Coterêts dans l’Aisne (02) a été construit au XVIe siècle sous les règnes de François Ier et d’Henri II et parachevé par Philibert Delorme. André Le Nôtre dessina plus tard l’ensemble du parc. Remonter le temps permet de saisir la portée symbolique de l’implantation d’une telle entité dans cette ancienne résidence royale longtemps délaissée, classée monument historique et devenue Domaine national en 2022. En août 1539, c’est en effet ici que le roi François 1er a signé l’ ordonnance de Villers-Coterêts qui rendait obligatoire l’usage de la langue française dans les actes officiels et les décisions de justice.
L’architecte en Chef des Monuments Historiques Olivier Weets, s’est vu confier la restauration de l’édifice classé, les architectes et scénographes de l’agence Projectiles étant en charge des aménagements intérieurs, de l’auditorium, du design des mobiliers et de la scénographie du parcours permanent.
“Créer au sein du château une identité propre à la Cité en équilibrant les espaces, l’usage et le sens dans un ensemble permettant aux visiteurs d’expérimenter la langue et des émotions était l’enjeu de ce projet”, dit Hervé Bouttet, scénographe et architecte d’intérieur chez Projectiles. Au-delà des activités de médiation et d’exposition, c’est un lieu de création avec des ateliers de production, des espaces de représentation, des ateliers pédagogiques, des salles de répétition et des ateliers ouverts à des résidences d’artistes. Si la langue française est un socle commun doté d’une dimension universelle d’échange entre les personnes, sa maîtrise implique en effet de s’imprégner de ses subtilités et de sa complexité.
Dans une volonté d’appropriation aisée par tous les visiteurs et les habitants, trois passages publics recréent une porosité entre le château, la ville et le grand paysage. La Cité compose ainsi désormais, un grand espace public aimable et continu entre l’entrée Sud du château (place Aristide Briant) et son parc et la forêt au Nord.
La récente restructuration du monument historique a transfiguré la cour du Jeu de Paume en une agora qui accueille les visiteurs au centre du site et les oriente vers un parcours permanent sur le thème de “L’aventure du Français”, les expositions temporaires, la boutique librairie, le salon de thé et les divers pôles d’activités.
Imaginée comme un “ciel lexical”, la verrière chapeautant cette cour intègre une installation conçue par Projectiles pour signer l’identité du lieu. Ombrière ou lustre au gré des heures, elle réunit 89 mots formant des phrases interchangeables selon le sens de lecture et les séquences d’allumage. Au-delà de ce dispositif, une variété de sources – solives et chandeliers techniques pour la muséographie, bougies dans la grande allée de la cour des offices et en façade sud du logis royal, lustre pour la galerie, voûte abstraite pour la chapelle- fait du traitement de la lumière élaboré par l’équipe de 8’18 Lumière un alphabet narratif qui met en relief le dialogue entre l’architecture historique et la muséographie.
En jouant sur l’expographie et d’une théâtralité, l’exposition offre aux visiteurs toute une série d’expériences ludiques et participatives. Au fil d’un parcours très diversifié, l’exposition permanente se déploie sur 1200 mètres carrés dans l’enfilade des salles du premier niveau du Logis Royal où chacune dispose d’un dispositif expérimental spécifique. Contemplatifs, immersifs, ludiques ou interactifs selon les cas, les éléments scénographiques sont intégrés dans des mobiliers qui habitent la volumétrie des salles dans une écriture continue et une unité de matières et de couleurs au traitement contrasté. Poignées, manivelles, cartels manipulables, cerclage des équipements interactifs sont unifiés par leur laiton doré. Eu égard à la conservation de l’architecture historique, les cimaises d’exposition qui recouvrent les murs sont détachées du sol et des plafonds.
Dans l’aile ouest et le pavillon du roi, les expositions temporaires profitent de multiples configurations d’aménagement. Accessible au terme du parcours permanent, la boutique librairie est implantée dans l’aile sud . Proche de la cour du Jeu de Paume, le café s’ouvre sur une terrasse sur jardin. L’aile Nord réunit l’accueil, l’administration, les ateliers pédagogiques et les espaces de rencontre et l’auditorium installé dans l’ancien bâtiment du Jeu de Paume où il est adossé au logis royal complète l’équipement.
A terme, certains des bâtiments cernant la cour des Offices sont destinés à être réaménagés progressivement par des partenaires privés afin d’accueillir des équipements de loisir, d’hôtellerie ou de restauration.
Fiche technique :
Maître d’ouvrage : Centre des monuments nationaux (CMN)
Architecte en chef des monuments historiques : Olivier Weets
Agences d’architecture : LACAA, Scala, M+O
Maîtrise d’oeuvre et scénographe : Projectiles
Entreprises : 8’18’’ (Concepteurs lumières) ; Lundi 8 (Multimédias) ; Cl design (Signalétique) ; Surface : 5 075 m2
Livraison : Octobre 2023
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allestimenti , francia , monumenti , musei , restauro
Last modified: 17 Luglio 2024